Quand le début de l’allaitement est difficile
Dans notre projet d’accueillir un enfant, il était clair pour el Rigatoni et moi que le Gnocchi serait allaité.
Le papa savait que c’était le meilleur sans pour autant me mettre la pression dessus.
Moi, je ne voyais pas les choses autrement, tellement convaincue des bienfaits de ce lait biologique fabriqué sur mesure pour mon bébé.
J’attendais avec impatience ces sensations, cette relation particulière qu’induit l’allaitement. Je m’étais renseignée sur les positions, sur les conditions optimales de mise au sein après la naissance. Je me sentais boostée, prête.
Et puis le gnocchi est arrivé.
L’allaitement c’est naturel, mais non, ce n’est pas facile.
Parfois tout roule. A peine sortie, en salle de naissance, la crevette fait son chemin sur le ventre de maman. Entre collines et vallées cette petite chose toute neuve suit son instinct et repère le Graal, le saint des saints (ou sein des seins ^^) et se met à téter.
Sauf que malheureusement, parfois ce n’est pas aussi simple.
Et la crevette (dans notre cas le gnocchi) ne trouve pas le téton. Enfin, ne le cherche même pas.
Et ne cherche pas non plus à s’alimenter.
16h après la naissance, visite du pédiatre qui se décolore lorsqu’il apprend que le gnocchi n’a rien avalé.
– Ok madame, on l’emmène en néo-nat.
– Ah bon ? Bon d’accord si vous le dites.
Puis on me le ramène quelques heures plus tard.
– Madame, on lui a donné un complément. Il avait faim.
– Ah ok. Un complément. Super informée sur l’allaitement, je ne l’étais pas DU TOUT sur le langage biberonesque (quoi j’invente des mots ?). Pour moi un complément c’était des vitamines, un traitement, quelque chose de médical, obligatoire quoi.
Et ensuite j’ai compris. NON on lui a donné un BIBERON.
Il a but du lait de vache, du lait artificiel. SANS MON ACCORD. Sans que je sois même au courant.
– Oui mais madame, il faut bien qu’il mange, puisqu’il ne veut pas téter au sein.
– Ok.
Alors je pose la question. Toute vulnérable, souffrante, fatiguée que je suis.
– Mais on ne peut pas lui donner un biberon avec MON LAIT ???
– Ah. Oui. C’est pas bête. Vous voulez tirer votre lait ? Euh oui je vais voir ce qu’on peut faire.
(Non c’est pas comme si j’avais informé TOUT le personnel croisé depuis la naissance du gnocchi que je souhaitais l’allaiter, que je voulais de l’aide, c’est pas comme si je l’avais écrit dans mon projet de naissance. C’est pas comme si ils étaient pas au courant…)
Et me voilà qui tire mon lait en néo-nat sur un fauteuil inconfortable (alors que je ne pouvais pas rester en position assise).
A partir de ce jour, le gnocchi n’aura plus que mon lait. Mais malgré les mises au sein répétées, il refuse de le prendre, il hurle, s’énerve, ne l’attrape pas.
J’interdis le biberon, trop au courant des confusions sein-tétines.
Alors on le nourrit à la seringue. Comme un oisillon. Millilitre par millilitre.
Puis on lui apprend à téter le doigt. Et on accroche à ce doigt une sonde, qui est reliée à un biberon de lait tiré (DAL, Dispositif d’aide à la lactation).
Je tire mon lait toutes les 2 heures jour et nuit.
Nous le nourrissons toutes les deux ou trois heures. J’ai tellement mal à cause des complications de l’accouchement que souvent c’est El Rigatoni qui nourrit son gnocchi.
Un papa allaitant, oui c’est possible !
C’est lui qui apprend à fixer la sonde, qui repère la position la plus confortable du gnocchi, qui m’explique comment fixer la sonde à mon doigt et à la positionner dans la bouche du gnocchi à l’endroit exact où ça fait aspiration.
Ces premier jours, ces premières semaines, cet allaitement aura vraiment été vécu à trois, et même si c’est mon lait qui était dans le biberon, son papa aura autant que moi allaité son bébé.
Livrés à nous même
7 jours plus tard, le gnocchi ne tête toujours pas. La maternité n’offrant aucune aide, nous décidons de rentrer chez nous. (Et oui, un bébé qui ne s’alimente pas n’est pas assez grave pour déplacer les sages-femmes lorsque nous en avons besoin, lors des mises au sein).
Nous rentrons à la maison après 7 jours. Je ne marche toujours pas, je ne peux toujours pas m’assoir. El Rigatoni (qui heureusement travaillait à domicile à cette époque) se libère et continue de s’occuper du gnocchi et de moi.
On s’accroche, on découvre les bouts de sein en silicone, grâce auxquels le gnocchi attrape le sein pour la première fois (12 jours après la naissance).
On poursuit le DAL au sein, c’est hyper compliqué, on s’énerve, on galère à positionner la sonde afin que le gnocchi face succion et avale un peu de lait.
Et ça continue ainsi une semaine, deux semaines, un mois.
L’acte de téter est tellement difficile que le gnocchi ne prend pas assez le poids.
Je booste ma lactation grâce à des médicaments galactogènes.
On voit un docteur spécialisé en allaitement.
Le gnocchi voit un ostéopathe, une fois, deux fois, trois fois.
Et peu à peu le bébé affamé se calme.
On retire le DAL.
On retire les téterelles.
Le bébé commence à avoir un poids raisonnable.
Et on respire.
Et on est récompensés. Le bébé aux besoins intenses (qui devait souffrir de la faim en plus des reflux provoqués par le lait de vache) se détend, doucement. C’est un bébé éveillé, communiquant, curieux qui nous enchante par ses babillages.
Et on se dit qu’on a passé le plus dur. On a tenu bon.
2 mois et demi plus tard l’allaitement est clairement mis en place, les difficultés surmontées et nous trouvons notre rythme, nos repères.
L’allaitement se poursuit aujourd’hui, 20 mois plus tard, parce que ça nous semble naturel.
Je me félicite de notre ténacité, cet allaitement est tellement beau il aurait été dommage de l’avorter à cause de débuts difficiles. Et pourtant, c’est ce qui se serait produit si on ne s’était pas entêtés.
Parce que le soutien à la maternité était quasi nul. Parce que les sages-femmes (même libérales, même pro-allaitement) ne sont pas assez formées.
Parce qu’un médecin spécialisé en allaitement, qui nous prend en urgence un jour de congé dans son cabinet 13 jours après la naissance du bébé est une perle difficile à dénicher.
Parce qu’un bon ostéopathe capable de libérer un nouveau-né des tensions liées à sa naissance et par là même à soulager ses douleurs et le détendre n’est pas facile à trouver.
Parce que l’allaitement à beau être naturel, c’est compliqué.
Ça peut être difficile. Ce n’est pas suffisamment accompagné.
Connaissant aujourd’hui les problèmes d’allergies du gnocchi je me dis qu’on a été plus qu’inspirés d’insister sur cet allaitement qui renforce son système immunitaire malmené. Je n’ose pas imaginer les difficultés si il avait été nourrit au lait de vache.
Alors mon conseil, si vous devez allaiter :
Renseignez-vous et soyez accompagné !
Quel que soit le problème, la difficulté, des solutions existent pour poursuivre l’allaitement. Des spécialistes peuvent vous soutenir et vous guider.
La Leche League fait un travail formidable. Malheureusement je ne les connaissais pas à cette époque !
J’ai eu l’occasion d’appeler des conseillères qui ont toujours répondu précisément à mes demandes, et leur groupe Facebook est formidable d’information et pour répondre aux questions pointues de chacune.
Dans votre réseau, des mamans allaitantes connaissent peut-être des professionnels de santé qui peuvent vous aider, vous conseiller.
D’autres associations existent aussi, il vous suffit de trouver celle plus proche de chez vous.
La Leche League
Le groupe facebook La Leche League France
L’annuaire des consultants en lactation
Bravo pour avoir tenu le coup. Ici numéro 3 ne prenait pas de poids à la maternité et on a complété. Bien entendu avec le lait artificiel parce que niveau lait maternel la montée de lait était vraiment insuffisante… Et après un mois de tentatives, de pleurs et de compléments, de tisanes, de litres d’eau avalés, … on a dû laisser place au biberon… et ce n’est pas sans un profond regret….
J’ai vécu exactement la même chose pour l’allaitement de ma fille, il y a 6 ans.
galères de l’accouchement, petit bébé, non-prise de poids, DAL, médicaments galactogènes, stress, etc…etc..
J’ai du arrêter à 3 mois pour reprendre le boulot…. snifff
mais je me suis rattrapée avec ma deuxième fille qui a été allaitée 13 mois…
de bons exemples existent quand on s’accroche, courage aux futures mamans, ça vaut le coup !!!
Bonjour, votre témoigne me redonne espoir… J’ai une petite fille de 2 semaines qui ne prend pas correctement le sein. Elle referme systématiquement la mâchoire ce qui écrase le téton et ne stimule pas assez la lactation. Sa prise de poids n’est pas bonne, pas dramatique non plus car elle est née à 3,860kg, donc elle a des réserves. Mais il faut agir vite et je ne trouve pas de solution malgré de nombreux professionnels contactés (ce problème de mauvaise prise en bouche du sein malgré de bonnes positions les laisse perplexes). Convaincue qu’il suffirait juste que je croise la route de celui ou celle qui aura la bonne analyse et donc la bonne idée pour solutionner le problème, je me demandais si vous accepteriez de me donner, en message privé les coordonnées de votre médecin spécialisé en allaitement.
Vue l’heure à laquelle je vois écrit, vous devinerez à quel point cela m’angoisse…
Merci d’avance !
Charlotte
Bonjour,
je ne sais pas si ceci est un message privé. dans quel département êtes-vous?
je peux aussi vous contactez par téléphone.
dans l’heure de midi demain, lundi ?
voici mon portable : 06.51.93.60.92
cdlt,
tiphaine